Retour vers Articles

Choisir un écran PC en 2023

Cet été, Spade a dû faire l’acquisition de nouveaux écrans pour ses designers. Quelle marque ? Quelle taille ? Quelles caractéristiques techniques ? Quel est LE meilleur écran pour un budget donné (ici maximum 600€) ? Autant de questions auxquelles nos maigres connaissances en la matière n’ont pas su répondre. L’équipe s’est donc lancée dans une recherche poussée pour choisir les meilleurs écrans à poser sur ses bureaux.

Cette « étude » nous la reprenons ici, structurée en 5 points – 5 étapes pour définir les caractéristiques de l’écran ultime.

1. Champ de vision & distance

Le champ de vision horizontal d’une personne adulte est de 120° (60° de part et d’autre de l’axe visuel). L’axe visuel, c’est une ligne théorique allant de l’objet fixé à la région la plus sensible de la rétine en passant par le centre optique de l’œil (Larousse).

Plus des éléments sont éloignés de cet axe, plus leurs caractéristiques visuelles sont réduites et/ou détériorées.

  • 20° : Angle optimal pour la lecture de texte.
  • 40° : Angle au-delà duquel la reconnaissance des symboles diminue.
  • 60° : Angle au-delà duquel les couleurs sont moins bien perçues (on appelle cela la « discrimination des couleurs optimales »).

Pour évaluer la taille idéale de l’écran, il faut se baser sur la distance qui sépare la personne utilisatrice de l’écran. Plus vous êtes proche de l’écran, plus les pixels seront visibles. Le contenu affiché sera moins visible dans son ensemble (vous verrez un ensemble de points de couleur, plutôt qu’une image nette).

On considère que cette distance est en moyenne de 50 à 70 cm. Cela permet à l’utilisateur ou l’utilisatrice d’avoir l’entièreté de l’écran dans son champ visuel (pour un champ de vision horizontal d’environ 90°). Pour un écran posé sur un bureau, la taille idéale est de 27″ à 32″ (27 pouces à 32 pouces).

Pourquoi ?

Parce que le champ de vision n’est pas suffisamment large et des mouvements de tête plus importants seront nécessaires pour pouvoir voir toutes les informations affichées. Résulte de cela une fatigue plus rapide, voire des douleurs au niveau des cervicales (dues aux contractions musculaires excessives au niveau de la nuque). Selon DisplayNinja, la distance optimale avec un 27″ 4K est de 53 cm.

Conclusion du point 1

Pour une utilisation sur bureau, la taille idéale d’écran est de 27″.

 

2. Définition & résolution

La définition et la résolution sont deux termes parfois confondus. Rectifions cela :

  • La définition est le nombre de pixels présents sur la dalle (= la partie de l’écran qui affiche l’image). Il existe différentes définitions d’écran et plusieurs noms sont utilisés pour les distinguer : Full HD, WQHD, 4K, 8K, …
  • La résolution correspond à la densité de pixels par pouces (PPP ou Pixels Per Inch = PPI en anglais). Plus ce nombre est grand, plus l’affichage est net et la perception des pixels atténuée (vous ne voyez plus un ensemble de points de couleurs mais une image nette).

Avec ces deux informations, on peut déduire par exemple qu’un écran 27″ full HD aura une qualité d’image moins bonne qu’un 24″ Full HD. En effet, la pixellisation (aussi appelée « crénelage »), sera plus forte sur le 27″ : le même nombre de pixels est étalé sur une plus grande surface.

Autre exemple : l’écran Retina (si cher au cœur des designers) a une densité de pixels de 218 PPI. C’est la densité de pixels décrétée la meilleure par Apple – celle où l’œil ne perçoit plus les pixels.
À l’inverse, en dessous de 110 PPI, la qualité est considérée comme médiocre (dans un contexte professionnel).

Pour obtenir une résolution équivalente à un écran Retina (sans avoir un Retina), voici les définitions d’écran requises selon les tailles d’écran :

  • Écran de 27″ > Définition 5K
  • Écran de 32″ > Définition 6K

Info Bonus

Le système d’exploitation MacOS (que nous utilisons chez Spade) a été développé POUR une densité de 218 PPI.
Les écrans LG UltraFine sont conçus par la collaboration de LG avec Apple, pour les ordinateurs Mac. C’est pourquoi en dehors des écrans LG UltraFine, aucun autre écran ne dépasse les 164 PPI.

Conclusion du point 2

Pour un écran de 27 pouces, la définition idéale est de 5K. Il n’est pas nécessaire d’aller au-delà d’un écran 32″ 6K.

Mais attention ! Plus il y a de PPI pour un écran, et plus la puissance de calcul demandée à la machine est grande.

 

 

 

3. Temps de réponse / Taux de rafraîchissement / FPS / Latence

1. Temps de réponse

Le temps de réponse (ou RT, pour Response Time) est le temps que met un pixel (en milliseconde > ms) pour changer de couleur. Ce critère est important surtout dans le domaine du jeu vidéo compétitif.

Lorsque les dalles IPS affichent que ce temps de réponse est de 1ms, il s’agit d’un argument marketing faussé. Ce n’est vrai que s’il est aussi écrit « 1ms (de gris à gris) ».

Il faut donc bien regarder : le fabriquant n’est pas obligé de spécifier de quelle couleur à quelle couleur le temps est calculé. Or, le temps est plus court entre certaines nuances qu’entre d’autres (par exemple, il est très court entre un gris foncé et un gris moyen).

L’Overdrive est un paramètre qui peut être activé sur certains écrans, et qui permet d’avoir un temps de réponse proche de 1ms. Le revers négatif est qu’il produit le phénomène d’inverse ghosting (aussi appelé « overshoot »), qui se caractérise par une traînée blanche apparaissant derrière les objets en mouvement. Cela est dû à la tension plus élevée donnée aux pixels pour les forcer à avoir un temps de réponse plus rapide. Or, le pixel passe obligatoirement par la couleur blanche avant d’arriver à sa couleur prévue.

Sur les écrans OLED, le RT est proche de 1ms, voir inférieur, car les pixels s’allument et s’éteignent d’eux-mêmes. Ceci est donc plus rapide qu’une dalle rétro-éclairée (voir point 5 sur les types de dalles).

2. Taux de rafraîchissement et FPS

Le taux de rafraîchissement, c’est le nombre de fois par seconde que l’écran peut afficher une nouvelle image. On le mesure en Hertz (Hz). Par exemple, un RT de 130 Hz signifie que l’écran sait rafraîchir l’image 130 fois par seconde. Par conséquent, plus le nombre de Hz est élevé, plus les animations sont fluides.

La fréquence d’images par seconde (ou FPS, pour Frame Per Second), est la fréquence à laquelle un appareil affiche des images.
FPS et Hz sont des critères proches et souvent mélangés, que l’on pourrait résumer ainsi : le FPS indique la vitesse à laquelle la machine est capable de générer une image, les Hz indique la vitesse à laquelle l’écran est cabale de les afficher.

Si le RT est plus long que le taux de rafraîchissement, on assiste alors au phénomène de ghosting (aussi appelé « motion blur »). Celui-ci donne un effet de saccades lors des mouvements. Ces saccades sont en fait des images résiduelles lors des animations.

3. Latence

La latence (ou « input lag ») est le temps que met une action (venant du clavier, d’une manette, etc.) à s’afficher à l’écran. Plus ce temps est faible, plus c’est réactif (moins de lag).

Conclusion du point 3

Ne pas forcément vouloir un temps de réponse trop bas, ce critère étant principalement un argument marketing et pas forcément pertinent pour votre utilisation propre. De plus, cette spécificité n’est pas la plus importante lorsque l’on travaille dans le graphisme par exemple.

4. Luminance, contraste & couleurs

La luminance d’un écran est mesurée en candela (noté “cd/m²“). On l’obtient en mesurant l’intensité lumineuse (la luminosité) perçue par l’œil humain. 0 cd correspond à un noir parfait, ce qui est idéal pour avoir de forts contrastes affichés à l’écran.

Les écrans OLED sont actuellement les seuls écrans possédant un contraste parfait, parce que le noir est obtenu par des pixels éteints. Il faut cependant faire attention au « blooming », cet effet de halo qui se produit autour des pixels allumés dans des zones noires. Il peut être gênant dans certaines situations liées aux métiers graphiques et de l’image.

 

Egalement, les écrans OLED comportent quelques “inconvénients”:

  • Puisque les pixels s’illuminent d’eux-mêmes et non via un rétro-éclairage, leur luminosité est plus faible comparée à une dalle rétro-éclairée*.
  • La rétention d’image. Si une image ou des éléments restent statiques dans une scène, cela risque de laisser une trace visible lors du changement d’image.
  • Prix encore très élevé (en août 2023)

On considère deux types de contrastes : statique et dynamique.

  • Le contraste dynamique compare les valeurs du noir et du blanc (toujours deux extrêmes) provenant de deux instants différents sur le même écran (par exemple, 2 scènes différentes dans un film). Cette mesure fausse le rapport de contraste réel d’un écran, et est un argument marketing pour avoir un grand chiffre qui impressionne les consommateurs et consommatrices lambda.
  • Le contraste statique, lui, compare la différence de luminance entre 2 extrêmes simultanément (dans la même scène). Ce rapport est bien plus petit que celui du contraste dynamique, mais il est plus représentatif du contraste “réel”. Par exemple, 1000/1 est le contraste statique ; 50 000 000/1 est le contraste dynamique.
    Sur les dalles IPS, il faut également vérifier que la luminosité dans les coins n’est pas plus forte que sur le reste de l’écran sur des scènes/images sombres. Ce phénomène s’appelle l’IPS glow.

Mesurer les niveaux, la quantité et la qualité de l’affichage des couleurs, demande de se pencher sur plusieurs notions et indicateurs différents.
Au-delà d’une certaine luminosité, une caractéristique peut être affichée sur la fiche technique de l’écran : HDR, VESA DisplayHDR 400, … Ces appellations indiquent le nombre de nuances disponibles dans une même gamme de couleur (le gris par exemple).
Le DisplayHDR (HDR = High Dynamic Range) de VESA est une certification pour identifier facilement les espaces de couleur ainsi que la luminosité maximale de l’écran.
Par exemple, la certification DisplayHDR 400 garantit que l’écran a une luminosité maximale de 400 cd/m² et affiche 95% de l’espace colorimétrique sRGB. Un HDR 600 affichera, lui, 99% de l’espace sRGB et 90% de l’espace DCI-P3 (gamme de couleurs plus grande que le sRGB).

La profondeur de la couleur, elle, est donnée par les bits. Plus la valeur en bits est élevée, plus la transition d’une couleur à l’autre est fluide : c’est un peu comme si la machine avait à disposition un plus grand nuancier de couleurs pour passer de l’une à l’autre (passage par davantage de teintes) :

  • 8 bits : 256 nuances de rouge (R), 256 de vert (G) et 256 de bleu (B). Cela correspond à 256 x 256 x 256 = 16 777 216 couleurs
  • 10 bits : R, G et B = 1024. Ce qui donne 1 073 741 824 couleurs (conseillé pour les usages professionnels en photo et montage vidéo)
  • 12 bits : R, G et B = 4096. Ce qui donne 68 milliards de couleurs.
    Actuellement, peu d’écrans sont en 12 bits. Certains écrans de télévision le sont, mais leur prix reste très élevé.

*En 2023, la marque LG a produit un écran TV disposant d’un nouvelle technologie : la MLA (Micro Lens Array). Cette technologie booste la luminosité des écrans OLED via un système de 5000 micro lentilles placées devant chaque pixel. Le prix est cependant encore très élevé : 2700€ pour un 55″ et 7500€ pour du 83″.

Conclusion du point 4

Un écran avec une haute luminosité d’écran et un haut contraste est l’idéal. Il faut cependant faire attention au marketing et à ses chiffres whaouh, parfois trompeurs.

 

5. Dalle

L’un des premiers critères qui apparaît lorsque l’on se renseigne sur les écrans, c’est le type de la dalle. Il y en a 4 :

Dalle TN (conseillée pour les joueurs compétitifs)

  • Prix bas à moyen € > €€
  • Très peu de latence
  • Temps de réponse proche de 1 ms
  • Qualité d’image assez basse
  • Angle de vision mauvais
  • Contraste mauvais

Dalle IPS (conseillée pour un usage professionnel et les designers)

  • Prix moyen à élevé €€ > €€€
  • Plus ou moins peu de latence
  • Temps de réponse entre 5 et 20 ms (1 ms avec Overdrive)
  • Qualité d’image élevée
  • Gamme de couleurs élevée
  • Angle de vision très bon
  • Contraste très bon (IPS < VA)

Dalle VA (conseillée pour un usage non-professionnel et/ou si les dalles IPS sont hors budget)

  • Prix moyen €€
  • Peu de latence
  • Angle de vision stable (VA < IPS)
  • Gamme de couleurs élevée (VA < IPS)
  • Contraste très bon (idéal pour afficher du contenu HDR)
  • Attention : le ghosting se voit plus sur les dalles VA par rapport aux dalles IPS

Dalle OLED

  • Prix élevé €€€ > €€€€
  • Temps de réponse très bas (jusqu’à 0.2ms)
  • Gamme de couleurs très élevée
  • Contraste très élevé
  • Attention : risque de rétention d’image important (à surveiller pour les prochaines générations d’écrans)

Il est conseillé d’attendre si l’envie vous viendrait d’acheter un écran PC OLED, car ce type d’écran est encore récent et le retour d’expérience est faible. Certains problèmes ne sont probablement pas encore connus et il y a trop peu de produits sur le marché pour faire des comparaisons pertinentes. Le prix reste aussi encore très élevé. Cela se démocratisera certainement à l’avenir, de la même manière que les écrans 4K ont vu leur prix baisser avec le temps.

Conclusion du point 5

Une dalle OLED c’est le top du top, mais l’IPS fait très bien l’affaire !

 

Conclusion

Pour des graphistes professionnel·le·s (les designers de Spade en août 2023 par exemple), voici les caractéristiques de l’écran idéal :

  • Taille : 27″
  • Résolution : 4K minimum (se rapprocher le plus possible des 218 PPP)
  • Dalle : IPS
  • Taux de rafraîchissement : 60 Hz minimum
  • Réglable en hauteur et inclinable
  • Luminosité : 400 cd minimum
  • Budget : 600€. Ce critère est différent pour tout le monde, mais sachez qu’en dessous de 1000 € il est peu probable de trouver des écrans avec une densité de pixels proche des 218 PPP (Retina). Les moins chers que nous avons trouvé cet été étaient de la marque LG, à 1000€.

Quelques références marquantes :

Ces deux écrans étant identiques, le critère qui fait pencher la balance vers l’un ou l’autre est l’absence de pied pour le LG. Celui-ci possède un pied à fixation en étau et ne convient pas forcément à tous les plans de travail.
Après avoir écrit ces lignes, le BenQ DesignVue PD2706U est sorti à 500 €. La seule différence par rapport au PD2705U est sa luminosité augmentée de 100 cd.

  • Budget de 1000 €
    • LG (27MD5KLP-B) : 1000 € / 5K / 500 cd / IPS / 12 ms / 60 Hz / 10 bits / 218 PPI + Webcam
  • Budget de > 2000 €
    • Studio Display : 2239 € (avec hauteur réglable) / 5K / 600 cd / 11 ms / 10 bits / 218 PPI + Webcam 12Mpx intégrée + 6 HP


PS : si vous avez eu le courage de nous lire jusqu’au bout, vous saurez que nous avons finalement choisi, compte tenu du budget et de nos impératifs techniques, un écran BenQ DesignVue. Il n’équivaut pas un iMac ou un Studio Display, mais après plusieurs mois d’utilisation il reste très agréable a utiliser et est un bon écran pour tout travail dans le secteur du design.

 

Sources